Le mercredi 27octobre, notre équipe a organisé un webinaire intitulé Comment avoir des conversations difficiles avec vos élèvespour les enseignants YPI, nouveaux et anciens. Il s’agit notamment de la ressource de soutien la plus demandée par les enseignants YPI, qui offrent du soutien et des réponses aux élèves qui réfléchissent de manière critique aux questions sociales dans uneoptique systémique et anti-oppression.Notre approche pour ce webinaire était la suivante:1.aller à la rencontre des enseignants; 2.partager des stratégies pour aborderdes conversations difficiles avec les élèves;3.créer un espace de courage oùles enseignants peuventéchanger sur leurs difficultés,entre eux et avec notre équipe.1) Aller à la rencontre des enseignantsLorsque l’on partage des ressources, on peut avoir tendance à vouloir «aller droit au but» et à partager les «5étapes faciles pour devenir antiraciste». Cette vision très axée sur les résultats ne permet pas toujours de tenir compte du processus nécessaire pour guider un groupe d’humains, avec des pensées, des émotions et des expériences vécues distinctes, pour atteindre un résultat partagé dans un espace bienveillant. Pour nous, aller à la rencontre de nos participants signifie:•Reconnaître les difficultés d’être un éducateur dans le contexte actuel, c’est-à-dire, entre autres, en considérant toutes les conséquences de la pandémie, l’escalade des tensions raciales et l’élargissement des disparités socio-économiques. •Établir un point de référence commun en ancrant le groupe d’éducateurs dans une situation réelle qu’ils pourraient rencontrer en classe avec leurs élèves. •Demander aux éducateurs de s’imaginer dans l’exemple etdese représenter ce qu’ils ressentiraient dans cette situation.•Demander aux éducateurs de reconnaître tout écart entre la façon dont ils se sentiraient à l’aise d’intervenir (si tant est qu’ils puissent se sentir à l’aise) et la façon dont, selon eux, ils devraientréagir en tant qu’enseignants. •Sortir de la situation en exemple et revenir au rôle plus large que les enseignants peuvent jouer dans la vie des élèves:«En tant que professionnels et institutions, nos objectifs sont généralement liés à un trimestre, et le succès est considéré en fonction de critères étroits. Nous visons pour les élèves l’obtention d’un diplôme d’études secondaires,et peut-être d’un diplôme d’études postsecondaires, mais prenons-nous vraiment en compte la façon dont les quatre années qu’ils passent avec nous affecteront leur vision du monde, et par conséquent la façon dont ils choisiront d’interagir avec leurs communautés? Croiront-ils que l’«on ne peut faire confiance à personne», que l’«on doit se débrouiller tout seul», ou «à quoi bon»,au lieu de «Comment puis-je aider?», «Cela ne devrait pas arriver», «Cela n’est pas acceptable». En tant qu’enseignant, mon objectif vise le
long terme… Je construis ma communauté, je m’assure que les élèves qui passent dans ma classe voudront rectifier certains des torts de la société, ou du moins ne pas ancrer davantage les systèmes de marginalisation.» –ENSEIGNANT PRINCIPAL YPI•Nommer, dès le départ, les obstacles internes et externes auxquels les enseignants peuvent faire facepour répondre à des situations difficiles avec leursélèves.En prenantce temps dès le départ pour prendre connaissance du statu quo, nos objectifs sont que chaque participant établisse une relation avec lui-même et avec les autres, d’établir le type de confiance qui vient avec le sentiment que nos expériences sont comprises et de démanteler toute attente d’une solution miracle à des défis qui sont profondément humains, stratifiés et complexes. 2) Partager des stratégiesJusqu’à maintenant, nous avons partagé avec les participants un ensemble de stratégiesqui peuvent aider les enseignants à naviguer dans des conversations difficiles avec leurs élèves. Nous nous sommes assurés de relier directement chaque stratégie à un obstacle qu’elle peut aider à démanteler. Par exemple, «Enseigner avec humilité» est une stratégie qui contrecarre directement les obstacles posés par une position d’autorité et/ou de certitude. Bien sûr, il existe des nuances au sein même de ces stratégies. Par exemple, dans l’une des discussions en petits groupes, un participant a souligné l’importance de «faire la distinction entre ce qui compte comme étant la “voix de l’élève” et ce qui est en fait simplement nuisible/préjudiciable/inappropriéou de l’intimidationetauquel on doit mettre un terme». Bien que nous souhaitions décentrer la voix des adultes, le fait de mettre l’attention surla voix des élèves ne doit pas devenir un laissez-passer universel permettant aux élèves de justifier de causer du tort. En transférant le pouvoir aux élèves, nous devons nous efforcer de leur transférer également une partie de la responsabilité qui accompagne ce pouvoir.Dans ses réflexions sur le webinaire, une participante a parlé d’un moment où elle a «rassuré les femmes racialisées [les enseignantes] sur le fait que parfois, il est normal de ne pas avoir la capacité d’aborder des sujets qui nous touchent personnellement».Alors que nous voulons problématiserle besoin de connaître la réponse à tout avant d’agir, adopter une optique intersectionnelle signifie reconnaître que le terme «enseignant» est l’une des nombreuses identités des éducateurs, qui peuvent toutes avoir une incidence sur leur capacité à tenir ces conversations.3) Échanger sur ses difficultés ensembleEnfin, nous avons créé un espace de courage pour que les enseignants puissent travailler ensemble sur les situations difficiles qu’ils ont rencontrées dans leur expérience. Ces discussions ont eu lieu dans des salles de réunion, n’ont pas été enregistrées et se sont tenues conformément à l’ethos «Partager l’apprentissage, et non les histoires» pour respecter la confidentialité de tous. Cet espace a donné aux enseignants la liberté de s’exprimer sur ces occasions ratées ou ces regrets de ne pas être intervenus lorsqu’une situation s’est présentée parce qu’ils n’avaient pas les outils, le courage ou la capacité de donner suite à cette intention. Un enseignant a notamment exprimé ses regrets à propos d’une situation survenue il y a dix ans, mais qui l’habite encore aujourd’hui, en disant qu’il aurait voulu intervenir contre le racisme anti-Noir.
Cette discussion a permis aux enseignants de voir qu’ils n’étaient pas seuls dans ces moments, et qu’ils avaient l’agentivité et les ressources pour réagir différemment maintenant et à l’avenir. En éprouvant de la compassion pour leurs collègues enseignants qui naviguaient dans des situations difficiles, les enseignants ont reconnu qu’ils se privaient de la même compassion qui est nécessaire pour apprendre et grandir à partir de ces expériences difficiles, se débarrasser du titre d’«experts» et se concentrer plutôt sur l’expertise et les expériences vécues au sein du groupe.Permettrecet espace de vulnérabilité:•nousa aidés à nous sentir plus en phase avec les enseignants YPI et les réalités dans lesquelles ils travaillent chaque jour dans leurs salles de classe;•nous a incités à réfléchir à la manière dont nous pourrions équilibrer 1) la saisie des connaissances partagées lors de séances comme celle-ci, et 2) la poursuite de la création d’espaces de courage où les gens se sentent à l’aise de partager plus ouvertement et de manière plus vulnérable, en raison de la protection de la confidentialité dans des espaces sans enregistrement;•arévélé le désir des enseignants de disposer de plus de temps et d’occasions pour créer des liens entre eux et continuer à relever ces défis ensemble;•adémontré comment nous pourrions continuer à faire en sorte que les gens, en particulier les enseignants, ne soient plus dans une position de certitude, en créant des espaces qui encouragent à se poser, à réfléchir et à vivrel’expérience de l’ignorance.
« J’ai réalisé que je n’avais pas besoin d’être très calé dans ce domaine pour l’explorer avec ma classe. Même si je suis à l’aise de dire aux élèves «Je ne sais pas» (et cela arrive fréquemment), je suis toujours du genre à penser qu’ils doivent avoir une certaine connaissance d’un sujet avant que je l’aborde, surtout lorsqu’il s’agit d’unsujet sensible. J’ai trouvé réconfortant de sentir moins de pression pour «savoir» et d’aborder plutôt un sujet comme une exploration partagée.» –PARTICIPANT
Participant de YPI Canada Tweet
MEILLEURES PRATIQUES
- Concevoir et fournir des ressources en comprenant les contextes actuelset les états holistiques des participants (c.-à-d. physique, mental, émotionnel, spirituel) DE FAÇON À établir des relations ancrées dans une éthique ancrée dans la bienveillance plutôt que dans la simple «extraction» d’information.
- Décentrer l’idée que les animateurs sont des «experts» DE FAÇON À créer un espace invitant et propice à l’expertise et aux expériences vécues au sein du groupe.
- Lorsque vous transférez du pouvoir aux jeunes, efforcez-vous de leur transférer également une partie de la responsabilitéqui accompagne ce pouvoir, DE FAÇON À cultiver chez eux une culture de la responsabilité.
Décentrer l'idée des facilitateurs en tant qu'"experts" POUR QUE nous puissions inviter et créer un espace pour l'expertise et les expériences vécues au sein du groupe.

Wise
Practice